Peut-on célébrer la naissance du Prophète ?
Le Prophète, Notre Seigneur Mouhammad (Que la
Bénédiction et le Salut de Dieu soient sur Lui) est né à La Mecque an 570 après Jésus
Christ. La célébration de la naissance du Prophète n’était pas connue dans
les premières années de l’Histoire Islamique. Cette fête a été instituée au
XIème siècle en Egypte. Certains la considèrent comme une innovation.
Mon opinion est
qu’il n’y a pas de mal à faire cela, notamment à cette époque où les jeunes ont
bientôt oublié leur religion et leur gloire, noyés dans les autres célébrations
qui dominent tyranniquement les célébrations religieuses. Cette
célébration doit consister à méditer sur la vie du Prophète - paix et
bénédiction de Dieu sur lui - et à faire des œuvres qui immortalisent le
souvenir de la naissance du Prophète, par exemple, en construisant des mosquées
ou des instituts, ou toute autre bonne œuvre qui lie celui qui la contemple au
Messager de Dieu et à sa vie. Partant de cela, on peut célébrer la naissance de
notre Seigneur Muhammad (PSL), pour manifester notre amour à son égard et
suivre le modèle de sa vie, tout en s’écartant de toute chose illicite comme la
mixité interdite entre les hommes et les femmes ou le fait de profiter de la
moindre opportunité pour tomber dans l’illicite que ce soit dans les boissons,
la nourriture, les compétitions ou les divertissements, ou comme le non-respect
des mosquées, ou comme les innovations qui ont lieu dans les visites des tombes
ou l’invocation de Dieu par les tombes, en somme en s’écartant de toute entorse
à la religion et tout écart à son éthique.
D'après les historiens Ibn Kathîr et Ibn Khallikan, elle fut instaurée bien
plus tard, vers 1207, par le roi d'Erbil. Cependant, des traces de cette
célébration existent dans la tradition chiite deux siècles plus tôt. La
dynastie des Fatimides avait en effet pour habitude de célébrer 4
anniversaires : celui de Prophète Notre Seigneur Mouhammad (Que la
Bénédiction et le Salut de Dieu soient sur Lui), d'Ali, de Fatima, et enfin du
Calife au pouvoir. Les festivités se limitaient alors à des processions dans la
cour du souverain, pendant la journée, ainsi qu'à trois sermons (khutbas)
prononcés devant les fidèles et en présence du calife. La célébration de
l'anniversaire du Prophète (ainsi que les autres anniversaires alors célébrés),
fut ensuite suspendue vers 1095. Selon l'historien Ali Ibn al-Athîr, cette
abolition fut décrétée à l'accession au pouvoir du nouveau vizir Al-Malik
al-Afdhal, régent du calife Al-Musta'li, car non conforme au enseignements
islamiques. L'un des historien de 12ème sicècle le décrivait alors comme
"un fervent croyant des doctrines de la Sunnah". À sa mort, son
successeur le vizir Al-Ma’mûn Al-Batâ’ihî, lui même régent du calife Mansur
al-Amir Bi-Ahkamillah, émet alors en 1123 un décret officiel pour distribuer
des aumônes le jour du 13 de Rabia al Awal.
Maintenant c'est une fête nationale dans la plupart des pays arabes. Les Fatimides
faisaient également une célébration de la naissance d’un certain nombre de
personnages issus des gens de la Demeure Prophétique. Al-Maqrîzî dit qu’ils ont
également célébré la naissance de Jésus. Tout comme Noêl, célébrant
l'anniversaire de Jésus (PL) l'anniversaire de Notre Seigneur
Mouhammad (Que la Bénédiction et le Salut de Dieu soient sur Lui) n'a jamais été
célébré de son époque, ni par ses compagnons, ni par les musulmans sunnites des
premiers siècles. Aucune trace explicite de cette fête n'existe dans
le Coran et la Souna
La
célébration de la naissance (Mawlid) du Prophète fut suspendue en 488 A.H.,
c’est le cas également pour les autres Mawâlid qui étaient alors célébrés. En
effet, le Calife Al-Musta`lî Billâh prit pour vizir Al-Afdal Shahinshâh, le
fils du Commandant des troupes Badr Al-Jamâlî. Ce vizir fut un homme puissant
qui ne contredisait pas Ahl As-Sunnah, selon Ibn Al-Athîr (cf. son livre
Al-Kâmil, v. 8, p. 302). Il en fut ainsi jusqu’à ce que Al-Ma’mûn Al-Batâ’ihî
devienne vizir. Il émit un décret officiel pour distribuer des aumônes le 13
Rabî` Al-Awwal en 517 A.H.. Ces aumônes furent distribuées par les soins de
Sanâ’ Al-Malik.
Avec l’arrivée
de la dynastie ayyoubide, furent abolies toutes les traces des fatimides.
Cependant, les familles continuèrent à faire des célébrations privées à
l’occasion du Mawlid du Prophète, paix et bénédiction de Dieu sur lui. Puis au
début du septième siècle après l’Hégire, cette célébration devint officielle
dans la ville de Irbil, par un décret de son prince Mudhaffar Ad-Dîn Abû Sa`id
Kawkabrî Ibn Zayn Ad-Din `Alî Ibn Tabkatkin - un sunnite qui donna une grande
importance au Mawlid, si bien qu’il dressa de grandes tentes, soutenues par des
structures en bois, dès le début du mois de Safar [1], décorées par les plus
beaux ornements, on y trouvait des chants et des moyens de divertissement. Il
donnait un congé aux gens à cette ocassion pour qu’ils profitent de ces
manifestations.
Les tentes
s’étendaient depuis la Porte de la Citadelle (Bâb Al-Qal`ah) jusqu’à
Al-Khâniqah. Mudhaffar Ad-Din avait coutume de descendre après la prière
d’Al-`Asr et se tenait devant chaque tente, écoutant le chant et observant ce
qui s’y trouve. La célébration du Mawlid avait lieu tantôt le 8 du mois, tantôt
le 12 du mois, et deux jours avant la célébration, on sortait des chameaux, des
vaches et des moutons, accompagnés de festivités sur leur trajet vers la place
centrale où ils étaient sacrifiés, puis cuisinés pour le peuple.
Ibn Al-Hâjj
Abû `Abd Allâh Al-`Abdarî dit que la célébration était répandue en Egypte à son
époque et critiqua les innovations qui s’y produisaient (Al-Madkhal v. 2, p.
11-12). De nombreux ouvrages furent composés au sujet du Mawlid pendant le 7e
siècle A.H., par exemple la Qissah d’Ibn Dihyah (décédé en Egypte en 633 A.H.),
et aussi des écrits de Muhyiddîn Ibn `Arabî (décédé à Damas en 638 A.H.), Ibn
Taghrabak (décédé en Egypte en 670 A.H.), Ahmad Al-A`zalî et son fils Muhammad
(décédé à Sabtah en 677 A.H.).
Etant donné que les innovations s’étaient répandues dans les Mawâlid, elles
furent désapprouvés par les savants, certains ont même désapprouvé l’origine de
la célébration du Mawlid. Parmi ceux-là, nous comptons le juriste Malékite
Tâjuddîn `Omar `Alî Al-Lakhmî d’Alexandrie, connu sous le nom d’Al-Fakahânî,
décédé en 731 A.H.. Il écrivit à ce sujet son épître Al-Mawrid fil-Kalâm `alâ
Al-Mawlid, épître citée intégralement par As-Suyûtî dans son livre Husn Al-Maqsid
[2].
Puis Sheikh
Muhammad Al-Fâdil Ibn `Ashûr dit : au 9e siecle A.H., les gens furent partagés,
certains l’autorisant, d’autres l’interdisant. Parmi ceux qui l’appréciaient il
y a As-Suyûtî, Ibn Hajar Al-`Asqalâni, Ibn Hajar Al-Haythamî, tout en condamnant
les innovations qui se sont greffées sur la célébration. Ils basent leur
opinion sur le verset : « et rappelle-leur les Jours d’ Allah » [3]. An-Nasâ’î
et `Abd Allâh Ibn Ahmad [Ibn Hanbal] dans le complément du Musnad, ainsi
qu’Al-Bayhaqî dans Shu`ab Al-Imân rapportent selon Ubayy Ibn Ka`b que le
Messager d’Allah, paix et bénédiction d’Allah sur lui, interpréta « les jours
d’Allâh » par les bienfaits d’Allâh et Ses signes (cf. Rûh Al-Ma`ânî
d’Al-Alûsî), et la naissance du Prophète est un très grand bienfait.
Dans le
Sahîh de Muslim selon Abû Qatâdah Al-Ansâri : Lorsque le Prophète - paix et
bénédiction d’Allah sur lui - fut interrogé au sujet du jeûne du lundi, il dit
: « C’est le jour où je suis né, c’est le jour où je fus envoyé et c’est le
jour où la révélation descendit sur moi ». Il a été rapporté selon Jâbir et Ibn
`Abbâs que le Messager d’Allah - paix et bénédiction d’Allah sur lui - naquit
l’an de l’Eléphant, un lundi, le 12 Rabî` Al-Awwal, il fut envoyé ce même mois,
l’Ascension au Ciel eut lieu de même mois, il émigra et décéda pendant ce mois
de Rabî` Al-Awwal. Le Messager d’Allah - paix et bénédiction sur lui - indiqua
que le jour de sa naissance est privilégié par rapport aux autres jours. Et le
croyant peut espérer une grande rétribution pendant un jour béni, sachant que
privilégier les œuvres qui coïncident avec les moments de la Généreuse Bonté
divine est une démarche établie avec certitude dans la sharî`ah. Ainsi, la
célébration de ce jour et l’expression de notre gratitude envers Dieu pour ce
bienfait qu’est la naissance du Prophète, et pour nous avoir guidé à sa voie,
est une chose confirmée par la jurisprudence islamique, à condition de ne pas
lui donner une forme spéciale. Il convient plutôt de propager la joie et la
bonne annonce autour de soi, en se rapprochant de Dieu par ce qu’Il a légiféré,
en informant les gens des bienfaits de ce jour, et en s’éloignant de ce qui est
illicite. Quant aux coutumes liées à la nourriture ce jour-là, elles rentrent
dans le cadre du verset : « Mangez des (nourritures) licites que Nous vous
avons attribuées » [4].
Az-Zurqânî
dit dans son commentaire d’Al-Mawâhib d’Al-Qastillânî : « Ibn Al-Jazrî, l’Imâm
des lectionnaires coraniques, décédé en 833 A.H., commenté la tradition
rapportée par Al-Bukhâri et d’autres au sujet d’Abû Lahab selon laquelle il fut
si heureux par la naissance du Messager qu’il affranchît Thuwaybah son esclave
quand elle lui annonça la bonne nouvelle ; et que pour cela Allah allégea son
châtiment en Enfer. Il [Ibn Al-Jazrî] dit : "Si le mécréant condamné dans
le Coran, fut rétribué en Enfer pour avoir été heureux pour la naissance du
Prophète, qu’en est-il du musulman, le Muwahhid (monothéiste) de sa communauté,
qui éprouve un bonheur pour sa naissance et fait tout ce qu’il peut pour son
amour."
Le
savant-mémorisateur Shamsuddîn Muhammad Ibn Nâsir dit :
Si pour un
mécréant condamné dont les deux mains en Enfer périront éternellement, il est
établi que le jour du lundi le châtiment lui sera allégé pour sa joie pour
Ahmad [5], que penser alors du serviteur qui, toute sa vie, fut heureux par
Ahmad et mourut en monothéiste ?
Ibn Ishâq
privilégie l’opinion selon laquelle, la naissance du prophète - paix et
benediction d’Allah sur lui - eut lieu après douze nuits écoulées du mois de
Rabî` Al-Awwal de l’An de l’Eléphant. Ibn Abî Shaybah relate cette opinion
selon Jâbir et Ibn `Abbâs et d’autres. C’est une opinion répandue parmi les
savants. L’auteur de Taqwîm Al-`Arab Qabl Al-Islam, quant à lui, affirme, par
des calculs astronomiques précis, que la naissance du Prophète fut le lundi 9
Rabî` Al-Awwal, soit le 20 avril 571 E.C..
L a Célébration de nos jours
L'anniversaire de la naissance du Prophète se fête par
des processions, des conférences et des récits sur la vie du Prophète. C'est aussi,
en Afrique et dans certains pays de l'Asie que l'on note une grande
fête populaire qui anime de gaieté, de lumières et de chants tout
un quartier jusqu’à l’aube.
La fête du Mouloud, anniversaire de la
naissance de Notre Seigneur Mouhammad, revêt
un caractère particulier à Mèknès car elle coïncide, depuis près de cinq
siècles, avec le Moussem du saint Cheikh El Kamal. C’est l’occasion où les
Aîssaoua de tous les coins du Maroc et même d’Algérie, de Tunisie et de
Lybie, se rassemblent autour du mausolée du cheikh, lieu du visite
pieuse (Je tiens à attirer notre attentions que certains musulmans font la
coïncidence entre visite pieuse et pèlerinage; les seuls lieux de pèlerinage
sont ceux désignés par notre Seigneur Mouhammad).
A cette occasion, de nombreuses processions et
diverses manifestations religieuses, musicales, folkloriques et commerciales
sont organisées dans les parages du mausolée de Cheikh El-Kamel et à travers
toute la ville de Meknès. Cette tradition réunit des centaines de milliers de fidèles,
aussi bien de la confrérie des Aissaouas que d’autres confréries religieuses,
qui accomplissent en groupe les rites de la Zyara (visite) du mausolée du
Cheikh et se livrent durant toute la période du Moussem, à de longues nuits
de musiques et de danses processionnaires. Ces zaouiyya envoyaient
encore au début du XXe siècle d’importantes délégations pendant le Moussem
renommé pour ses fameuses Lilas.
Le mausolée de Cheikh El Kamel, qui se situe à Bab
Siba à Meknès, à 26 km au sud de Volubilis, est le coeur de la rencontre des
Aîssaoua. Il fut édifié par le Sultan Sidi Mohamed Ben Abdellah en 1776.
Ce bel édifice, restauré et embelli, se signale à
l’attention des visiteurs. Le tombeau de Cheïkh El Kamel est devenu le lieu
annuel de pèlerinage de milliers de fervents des Aîssaoua, qui considèrent le
Mouloud comme un passage de l’obscurité à la lumière.
En Arabie Saoudite, le ministère des affaires
religieuses considère pour sa part et à tort cette fête comme étrangère à
l'Islam, bien que sa célébration ne soit pas interdite par les autorités, on
note de ce jour beaucoup du voyage vers Médine pendant la semaine du Mawlood.
Dans la plupart des États musulmans, le jour du
Mouloud est cependant un jour férié.
Au Maroc, cette fête a été officiellement introduite
en 1292, par le sultan mérinide Abû Ya`qûb Yûsuf an-Nasr. Aujourd'hui, la fête
du Mouloud y est un jour férié.
En Tunisie, ce jour est également férié. Un dîner
familial est souvent préparé cette occasion. Une crème pâtissière à base de
pignons de pin d'Alep, l'ASSIDAT Zgougou est également préparée pour cette
fête.
Au Sénégal ( où la fête est appelée Gamou, du nom
du mois de mouharam en wolof), au Mali, En Guinée, Au Nigéria, , d'importantes
célébrations y sont organisés. Les Tijani se rendent notamment dans la ville de
Tivawane (fondée par l'Imâm Malick Sy) et dans la ville de Médine Baye à
Kaolack (fondé par le Cheikh Ibrahim Niass) pour y célébrer une importante
commémoration rythmée par des poèmes chantés en l'honneur du Prophète et des
conférences parlant de sa vie et sa grandeur.
Le dirigeant libyen Kadhafi (Paix à son âme) organise
depuis 2006 une grande fête du Mouloud dans divers pays en partenariat avec
Ligue populaire et sociale des tribus du Grand Sahara.
« Ô mon Dieu, répands tes grâces et
accorde le salut à la source de la Miséricorde Divine et au diamant étincelant
versé indéfiniment dans la vérité. Celui qui est au centre de toutes formes de
compréhensions et de significations. Il est la lumière des êtres en cours de
formation humaine, il possède la Vérité Divine tel l'éclair immense traversant
les nuages précurseurs de la pluie bienfaisante des Miséricordes Divines, qui
emplissent sur leur chemin aussi bien les grandes étendues d'eau que les
petites. Il est Ta lumière brillante qui s'étend sur toute l'existence et
l'englobe dans tous ses lieux
Ô mon Dieu, répands tes grâces et
accorde le salut à la source de la Vérité qui est à l'origine des connaissances
les plus justes, tel ton sentier parfaitement droit par lequel se manifestent
les majestueuses Réalités.
Ô mon Dieu, répands tes grâces et
accorde le salut à la manifestation de la Vérité par la Vérité, au trésor le
plus sublime, au flux venant de toi et retournant vers toi, et à la
quintessence des lumières dissimulées à toute connaissance.
Que Dieu répande ses grâces sur lui et
sur sa famille, grâces par lesquelles, Ô mon Dieu, Tu nous le feras
connaître. »
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